Brève histoire de l’Uzège, association

 

Fondée en 1955 par Robert Blanc, uzétien, professeur d’histoire à Paris, l’Uzège est une association indépendante, ancrée dans les racines locales. Dès son origine, elle rassemble les originaires d’Uzès et de sa proche région, notamment ceux établis à Paris pour leurs études ou pour leur travail, et promeut activement Uzès sur les plans culturels et patrimoniaux. Recrutant ses membres de tous horizons et milieux, l’association cherchait à rapprocher les personnes qui se reconnaissaient au travers d’Uzès, ses produits, sa beauté architecturale, ses paysages, sa qualité de vie et qui en célébraient le souvenir. Les étudiants originaires d’Uzès participaient ainsi à des activités diverses, relatées ensuite dans le journal local Le Républicain et se retrouvaient autour de Robert Blanc, qui expliquait l’histoire de France à travers des étapes marquant la ville d’Uzès.

D’autres membres notables furent la marquise de Crussol, du duché d’Uzès, et Pierre Pélissero, professeur agrégé, organiste de la cathédrale. Ils œuvrèrent ensemble pour la restauration des orgues de la cathédrale Saint Théodorit d’Uzès. Plus tard, avec bien d’autres membres, ils mobilisèrent André Malraux, soutiendront les responsables et activèrent les ministères pour l’inscription d’Uzès au bénéfice de la loi Malraux de 1962, loi qui permit le plan de sauvegarde du centre-ville. Et Malraux, qui ne vint jamais à Uzès, s’était servi des menaces pesant sur l’architecture urbaine provençale pour illustrer sa loi fondatrice.

Rose-Marie Taupin , avocate, qui avait écrit les premiers statuts de l’Uzège, fut élue présidente de 1980 à 1987 et devait poursuivre l’œuvre de Robert Blanc, après son décès, valorisant la convivialité et les relations humaines, poursuivant l’organisation de visites de propriétés et du patrimoine local, et nouant les premières relations avec les associations locales. Le groupe de Paris renoua les liens avec l’Académie Française qui avaient existé du temps où se tenait à Uzès l’Académie Racinienne, entre les deux guerres.

Ces nouveaux liens ont permis de promouvoir le renouveau et la visibilité d’Uzès, avec le soutien de personnalités éminentes et de grande culture. Certains de ses membres ont eu envie de prendre des responsabilités électives locales pour faire passer leur engagement associatif dans les réalisations publiques, mais l’Uzège conserva son indépendance et son caractère apolitique.

Jacques de Cazotte , directeur de société, vice-président dès 1980, prit la présidence de l’Uzège en 1987 jusqu’en 2000. Pendant près de 20 ans il œuvra très activement pour renouveler les membres, élargir le recrutement, et pousser à un tournant pour encourager les découvertes culturelles, les voyages collectifs en bus, en bateau, en caravane de voitures, les rencontres intellectuelles au-delà de l’Uzège, en Avignon, en Camargue, en Cévennes, à Montpellier, y compris hors des sentiers battus. En symbiose physique et intellectuelle avec la région, Jacques de Cazotte voulait faire partager son enracinement local avec les passionnés d’Uzès pour en conserver les uniques caractéristiques. Les activités parisiennes étaient aussi vivantes. L’identité de l’Uzège était célébrée à travers son environnement tant culturel que naturel. Pour rajeunir les activités, des randonnées exploratrices suivies de pique-niques ont permis de créer des liens au-delà des sujets patrimoniaux, tout en découvrant des sites méconnus. L’influence de l’Uzège demeura importante, notamment vis-à-vis des élus, lorsqu’il fallait se prononcer sur un dossier affectant la ville.

François Baret, directeur de société, est élu président de l’association en 2000 lors d’une période où l’Uzège acquiert une forte visibilité. L’association prend en effet une part très importante au projet phare de la médiathèque d’Uzès : l’achat en deux parties du plus vieux bréviaire d’Uzès, daté de 1472, à acheter séparément à Londres et Los Angeles. L’association en a financé une grande partie, grâce à la générosité des membres, a réalisé l’achat, pour le compte de la mairie d’Uzès, et récupéré les deux parties et les a remis entre les mains du maire. A sa demande, une exposition a eu lieu à la médiathèque, un an plus tard, après qu’un jeune chartiste ait analysé les deux parties de l’ouvrage enfin réunies, étude qui a fait l’objet d’une plaquette disponible à la médiathèque.

François Baret souhaite faire évoluer le centre de gravité de l’association vers Uzès, où ses membres sont établis, et celle-ci prend alors une orientation forte en faveur de l’environnement et du paysage. L’association prend acte que le patrimoine en danger n’est plus le patrimoine bâti dont la restauration est très avancée, mais le patrimoine naturel, c’est-à-dire le paysage vivant, modelé par l’agriculture, « paysage-écrin » d’Uzès et des villages environnants. En effet, les dix années précédentes ont vu une urbanisation débridée de tous les villages autour d’Uzès avec un doublement de leur population, Uzès est aussi bousculé par la pression foncière et la spéculation, et il apparait nécessaire d’œuvrer de façon plus déterminée pour préserver ce qui fait la beauté unique de la région, tout en assurant à Uzès, sa région, ses habitants, les chances de se développer harmonieusement, valorisant son patrimoine bâti, rural et naturel.

 

Henry de Cazotte, ancien directeur à l’Agence française de développement, spécialiste du développement durable, prend la suite de François Baret en 2016. Il doit accompagner la croissance de l’association et lui faire prendre le tournant de la maturité, tout en dynamisant encore ses activités sociales et conviviales. Les projets lancés doivent être poursuivis au moment où le territoire est à un tournant.